15 juin 2011

Entertainment ! *

Vendredi matin, à 9h, on se donne tous rendez vous devant la maison. J'ai parlé à plein de personnes : je ne sais pas qui va venir, et j'espère qu'on sera assez nombreux. On va tous arriver devant la maison, à pied, en bus, en vélo. En tram, en moto, en caisse. Avec des sacs ; de la bouffe ; des vêtements supplémentaires; des jeux de cartes, des ordinateurs et des chargeurs ; des bouquins, des sacs de couchages, des matelas gonflables, des oreillers; du gel douche, du papier toilette, des litres de coca light et du café moulu. A 9h15 précises, on rentre dans la maison. On va passer en groupe, quelques uns d'abord, et la standardiste va un peu gueuler, demander qui nous sommes, si on a rendez vous, et on va se retourner, lui expliquer gentiment, qu'on est pas tout seuls, et elle va se retourner et voir que effectivement nous sommes nombreux derrière le petit groupe d'éclaireurs, alors la, elle ne sait plus quoi faire, elle décide d'appeler la sécurité, mais il n'est pas là le vigile, trop tôt, alors elle appelle dans les bureaux, au hasard, pour faire quelque chose, debout derrière son comptoir, d'un air affolé. Pendant ce temps certains ont pris les escaliers et l'ascenseur arrive : on monte dedans. Les gens montent dans les étages et on commence à entendre quelques cris et paroles un peu fortes : nous sortons de l'ascenseur au dernier étage et nous nous répandons au milieu des open space, sous le regard interloqué des employés encore rares à cette heure ci, qui tentent de discuter, mais nous n'avons rien à dire, ni en bien ni en invectives, nous nous installons silencieusement, c'est tout, nous occupons l'espace, nous comportons un peu en propriétaires, même si respectueusement, c'est pacifique, notre avancée; bientôt discuter c'est trop compliqué, nous expliquons que si les gens veulent sortir, c'est maintenant, pas de souci, s'ils veulent rester, c'est avec nous qu'en tout cas pas question de travailler c'est une guerre de blocage, l'idée c'est d'enrayer la machine, de stopper la continuelle suite d'évènements : la production.

*: du titre de l'excellent livre publié en 2011par Francesco Masci aux éditions allia

Aucun commentaire: