Texte rédigé à l'occasion de l'exposition "Abschweifend" de Guillaume Alimoussa à la Galerie Robert Keller, Berlin, Juin 2004
Depuis l'enfance il nous est enseigné de faire confiance à nos sens pour connaître, ou plutôt reconnaître, la vérité. Ici l'on croirait ses sens que l'on serait bien surpris. Le jardin aux mille senteurs n'est qu'une petite pièce aux tupperwares remplis de liquides ménagers de couleurs variées. La tâche de graisse laissée par une pizza au fond d'un vieux carton se métamorphose en méduse, toute droit sortie d'un tableau du Caravage. D'une toile au premier abord représentant un motif camouflage abstrait, surgit un Gremlins grimaçant. AU contraire, d'autres pièces qui arboraient un motif reconnaissable et rassurant se laissent peu a peu flotter vers une inquiétante abstraction, tels cette toile ou des lions roses pales semblent se fondre en un seul fauve et s'enfoncer moelleusement dans les profondeurs de la toile.
Guillaume Alimoussa met astucieusement en abyme notre relation au monde a travers l'objet quotidien, devenu l'emblème schizophrénique d'une société ou l'objet, métamorphose en concept, et sa représentation se confondent jusqu'a ne faire plus qu'un (l'expérience première du parfum citron vient elle désormais du citron ou du liquide vaisselle?)
Entre consommateur grisé et critique blasé, l'artiste hésite, zigzague, sème le doute: et a suivre ses digressions, on ne sait plus trop qui croire. Et c'est tant mieux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire